La mauvaise année se confirme pour Rémy Cointreau. A mi-parcours de son exercice entamé le 1^er avril, le groupe de spiritueux affiche ce jeudi une forte baisse de son chiffre d’affaires. Il confirme par ailleurs prévoir une « baisse à deux chiffres en organique » de ses revenus annuels, au lieu d’une « reprise graduelle au cours de l’année ». Supérieurs aux attentes, ces résultats ont toutefois été accueillis par une hausse du titre de près de 3% jeudi, à la Bourse de Paris.

Dans le détail, les ventes du groupe s’élèvent à 534 millions d’euros au premier semestre 2024-2025, contre 637 millions d’euros un an plus tôt. Rémy Cointreau est particulièrement affecté par le recul des ventes de sa division cognac (-17,9 % à 341 millions d’euros sur six mois), représentant 64 % des revenus du groupe.

Le cognac subit à la fois la volonté des détaillants et des grossistes américains de réduire leurs stocks de spiritueux coûteux, ainsi qu’une contraction du marché en Chine. Les marchés américain et chinois étant à l’origine de la majorité des ventes de Rémy Cointreau.

Préserver la marge

Seule bonne nouvelle, le groupe français a fait état d’une baisse moins importante que celle redoutée par le consensus de son résultat opérationnel courant (ROC) au premier semestre, à 147,3 millions d’euros (-17,6 %). Un chiffre inférieure à la baisse de 20,6 % attendue par un consensus de 15 analystes.

« Dans un contexte économique et géopolitique complexe, Rémy Cointreau a su préserver sa marge au premier semestre grâce à une gestion rigoureuse des coûts et une organisation désormais plus agile », a expliqué dans un communiqué Eric Vallat, le directeur général du groupe, qui prévoit un plan de réduction des coûts de 50 millions d’euros.

Tarifs douaniers chinois

Des économies bienvenues alors que l’horizon s’assombrit sous la menace de tarifs douaniers. Pékin a décidé d’imposer des droits de douane de 30 à 40 % sur les importations de cognac de l’Union européenne (UE), frappant des entreprises françaises telles que Hennessy, Pernod Ricard et Rémy Cointreau, quelques jours après que le bloc des 27 Etats a voté en faveur de droits de douane sur les véhicules électriques fabriqués en Chine.

« Le groupe a pris acte de la décision provisoire du Mofcom [ministère chinois du Commerce, NDLR] d’appliquer des droits de douane additionnels à hauteur de 38,1 % sur les importations de cognac en Chine, à partir du 11 octobre 2024 », assure Rémy Cointreau dans son communiqué. Le fabricant de spiritueux précise toutefois que « si ces droits provisoires étaient confirmés, l’impact serait marginal pour l’exercice 2024-2025 ». Mais si les mesures perduraient l’année suivante, il « activerait son plan d’actions pour en atténuer les effets », dit-il sans plus de détail.

Menace américaine

Mais le risque d’une hausse des tarifs douaniers plane aussi sur l’autre grand marché du groupe. La menace du président américain fraîchement élu, Donald Trump, d’imposer des droits de douane universels de 10 % sur les produits étrangers porterait ainsi un nouveau coup aux activités américaines de Rémy Cointreau.

Dans ces conditions, le fabricant de spiritueux, qui a abandonné le mois dernier tout espoir de reprise rapide des ventes, dit anticiper une baisse organique de son chiffre d’affaires entre 15 % et 18 % sur l’ensemble de l’année 2024-2025, avec une marge opérationnelle courante comprise entre 21 % et 22 %.