Titres resto et chèques cadeaux : les acteurs historiques sortent la carte start-up
Pour accélérer leur mutation digitale, rendue indispensable avec la crise sanitaire, les acteurs historiques passent par la croissance externe. Du gagnant-gagnant pour les jeunes pousses rachetées qui vont pouvoir se développer à l’international.
Un hasard ? Sans doute pas. Le 24 août, à la fin de l’été, le Groupe Up (ex-Chèque Déjeuner) s’offrait la start-up Leeto , pour accélérer la digitalisation de ses titres-restaurants et renforcer sa palette de services digitaux pour les comités sociaux et économiques (CSE). Moins de trois semaines plus tard, c’est au tour de son concurrent Sodexo de succomber aux sirènes du numérique et d’acquérir 56 % de Wedoogift.
Le groupe créé par Pierre Bellon, via sa filiale dédiée aux « avantages salariés » (cartes restaurants, chèque-cadeau…), souhaite faire basculer en ligne ses titres-cadeaux dans les deux ans grâce à l’expertise de cette jeune pousse leader des bons d’achat numériques – et au passage proposer de nouveaux logiciels de gestion et de communication aux CSE et aux directions de ressources humaines.
Dans les deux cas, les acteurs historiques recourent à des jeunes spécialistes pour réussir une mutation que la crise sanitaire a précipitée, ne leur laissant plus le choix et le temps d’attendre la maturation de leurs équipes.
Un marché de 3 milliards d’euros
Le nouvel ensemble constitué par Sodexo pèsera plus lourd qu’ Edenred sur le marché des titres-cadeaux, évalué à 3 milliards d’euros en France – 2 milliards pour les salariés et 1 milliard pour les consommateurs (cartes cadeaux vendues en magasin par exemple).
Le géant des cantines est implanté depuis 25 ans sur ce segment, servant 40.000 clients et 3,5 millions de salariés, en lien avec plus de 90.000 points de vente concernés, tandis que Wedoogift, créé en 2014, comptabilise déjà 10.000 clients et 1,4 million de salariés. Les technologies de ce dernier seront largement déployées à l’étranger, Sodexo étant présent dans 36 pays sur ce créneau.
Comme le Groupe Up avec Leeto, Sodexo va laisser les fondateurs de Wedoogift aux commandes, pour leur conserver agilité et autonomie. A eux de profiter de la croissance habituelle du marché de 5 % par an environ, croissance qui plus est dopée par la pandémie, certains gouvernements ayant déplafonné le montant maximum autorisé par transaction .
Rembourser les titres périmés
Chez Wedoogift, le directeur général, Jérôme Proust, pense passer de 11 millions de chiffre d’affaires et 160 salariés en 2020 à 17 millions et 200 salariés en 2021. Dès son deuxième exercice, sa start-up, soutenue par des business angels comme Xavier Niel, était rentable.
Avec ce rachat, Sodexo pourrait faire oublier l’une des grandes critiques émises contre les titres-cadeau papier : le non-remboursement des chèques non-utilisés périmés, aux salariés ou aux comités d’entreprise. Cela draine des sommes très importantes, que les émetteurs se gardent bien de rendre publiques. Wedoogift, depuis le départ, est le seul acteur du marché à reverser cet argent à ses clients. Ce point de différenciation pourrait bientôt arriver chez Sodexo. Dès que les titres de la société seront digitalisés, promet-elle.
Article de Martine Robert – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Titres resto et chèques cadeaux : les acteurs historiques sortent la carte start-up | Les Echos