Le distributeur japonais enclenche une grande restructuration afin de doper sa valorisation.Le japonais 7-Eleven précipite sa restructuration pour échapper à Couche-tard

Refusant d’être racheté par son petit concurrent canadien, le groupe nippon enclenche, dans la précipitation, une grande restructuration afin de doper sa valorisation. Il va se séparer de dizaines de filiales peu performantes pour se concentrer sur son réseau mondial de 80.000 supérettes.

Le distributeur japonais enclenche une grande restructuration afin de doper sa valorisation. (Nicolas Datiche/SIPA)

Alain Bouchard, le patron du groupe canadien Couche-Tard, aura réussi en deux mois ce que les fonds activistes étrangers tentaient depuis des années au Japon. Après avoir longtemps résisté à une réorganisation de ses dizaines d’activités, le géant japonais de la distribution Seven & I Holdings a annoncé, ce jeudi, qu’il enclenchait en urgence le vaste chantier de sa restructuration pour échapper à la tentative d’acquisition lancée par son concurrent québécois.

« Nous pouvons renforcer notre activité des magasins de proximité et il va aussi falloir s’attaquer à l’efficacité du capital dans la gestion de l’entreprise », a prévenu, jeudi, Ryuichi Isaka, le PDG de Seven & i. « Je pense que cela créera plus de valeur que ce qui a été proposé par Couche-Tard », a-t-il insisté.

Une nouvelle structure

Son groupe s’inquiète depuis cet été des ambitions décomplexées de la société canadienne qui propose de racheter, à l’amiable, la totalité des activités de la société nippone, et notamment son gigantesque réseau mondial de supérettes « 7-Eleven », pour 47 milliards de dollars. Refusant d’être absorbé, Seven & i cherche à doper rapidement sa valorisation en se séparant des dizaines d’activités qui ont pesé, ces dernières années, sur son cours de Bourse et sur sa profitabilité.

Dans un montage, assez similaire à ceux qu’avaient tenté de lui suggérer les fonds activistes, Seven & i va créer une nouvelle entité baptisée « York Holdings » dans laquelle il va regrouper 31 de ses filiales, dont sa chaîne de supermarchés Ito-Yokado, ses magasins de produits pour bébés Akachan Honpo ou encore ses restaurants Denny’s. Il va ensuite proposer à des investisseurs extérieurs de monter au capital de la nouvelle structure, dans laquelle il ne gardera qu’une participation minoritaire, avec l’espoir de l’introduire plus tard en bourse. Dans une autre opération, il devrait aussi se détacher de ses services financiers « Seven Bank ».

Profit opérationnel en recul de 20 %

Seven & i compte conserver, en revanche, le contrôle complet, dans 19 pays, de ses 80.000 supérettes, où il réalise ses plus belles marges. L’objectif est de « libérer de la valeur pour les actionnaires de la société et les autres parties prenantes », a justifié l’entreprise dans un communiqué. Pour incarner ce recentrage, le groupe proposera, en mai prochain, à ses actionnaires, de se rebaptiser « 7-Eleven Corp ».

Ce jeudi soir, les investisseurs n’ont pas eu le temps de jauger l’impact exact de ces grandes manoeuvres sur la valeur de l’action du groupe. Elle a reculé dans la journée de 0,4 % après la diffusion de résultats trimestriels plutôt décevants. Sur la séquence allant de juin à août, le groupe a vu son profit opérationnel reculer de 20 %, en glissement annuel, pour retomber à 128 milliards de yens (0,86 milliard de dollars). Sa direction a mécaniquement revu à la baisse ses perspectives pour l’ensemble de l’exercice fiscal. Sur l’année qui s’achèvera en février, son profit devrait être de 2,7 milliards de dollars.

Les investisseurs intéressés

Si l’action de Seven & i a progressé de 30 % pour atteindre, ce jeudi, 2.325 yens (15,7 dollars), depuis que Couche-Tard a proposé d’acquérir le groupe, elle évolue toujours à un niveau inférieur à la dernière proposition avancée par le Canadien. Alain Bouchard a récemment relevé son offre à 18,19 dollars par titre avec l’espoir de convaincre une majorité d’investisseurs de le laisser reprendre les magasins 7-Eleven. Son objectif : créer, en associant avec sa propre chaîne de supérettes Circle K, un nouveau leader de la distribution sur plusieurs grands marchés d’Amérique du Nord et d’Asie.

Officiellement, la direction de Seven & i étudie d’ailleurs toujours la proposition canadienne. « Nous répondrons sincèrement aux propositions qui augmenteront la valeur de notre entreprise », a insisté Ryuichi Isaka. Le comité spécial mis en place par la direction examinera l’offre de Couche-Tard sans aucun parti pris, a insisté le dirigeant, sans sourire.

Par Yann Rousseau (Correspondant à Tokyo) – A retrouver en cliquant sur Source

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/le-japonais-7-eleven-precipite-sa-restructuration-pour-echapper-a-couche-tard-2124519