La double menace qui pèse sur les géants de l’agroalimentaire
Tous les groupes du secteur, de Danone à Mondelez, craignent d’être la cible de la prochaine OPA de Kraft Heinz.
L’arrivée de l’activiste Daniel Loeb au capital de Nestlé est symptomatique des menaces qui planent sur les géants de l’agroalimentaire. Il leur faut faire face à l’appétit de l’ogre Kraft Heinz tout en repoussant les attaques d’investisseurs activistes de plus en plus audacieux. Sous la houlette du fonds 3G et du milliardaire Warren Buffett, le géant américain Kraft Heinz est en effet en quête d’une nouvelle proie. Son modèle de rentabilité, basé sur une réduction féroce de la base de coût d’une entreprise, lui impose de réaliser régulièrement des opérations de croissance externe. Le tout afin de disposer de synergies sur lesquelles travailler.
Après l’échec de son OPA à 143 milliards de dollars sur Unilever, tous les géants du secteur, de Kellogg’s à Campbell’s en passant par Danone ou Mondelez, sont susceptibles d’être visés. Les marchés sont nerveux. La semaine dernière, Exane BNP Paribas avait fait nettement bondir Danone en Bourse en jugeant plus probable la perspective d’un rachat depuis l’élection d’Emmanuel Macron. La capacité du fonds brésilien 3G à réduire les coûts a aussi eu « un impact révolutionnaire sur tous les autres acteurs du secteur », avait reconnu, dès 2015, l’ancien président de Nestlé, Peter Brabeck-Letmathe. Elle a démontré aux investisseurs que d’autres niveaux de rentabilité étaient possibles. « Alors que les géants de l’agroalimentaire ont perdu de leur capacité à générer de la croissance […], le « modèle 3G » a inspiré à Unilever et Danone de nouveaux objectifs à l’horizon 2020 », soulignent les analystes de Citi dans une note de recherche.
Nervosité des marchés
Fin mai, le géant français s’est ainsi fixé pour la première fois un objectif de marge opérationnelle courante : 16 % en 2020, contre 13,6 % en 2016. Pour échapper à Kraft Heinz, Unilever a dû annoncer en février un objectif de 20 % en 2020, contre 15,3 % actuellement.
Dans le même temps, les géants des biens de consommation sont de plus en plus devenus des cibles pour les investisseurs activistes. En 2015, le « hedge fund » de Bill Ackman a investi 5,6 milliards de dollars dans Mondelez. En février, le fonds Trian de Nelson Peltz a dévoilé un investissement de 3,3 milliards de dollars dans Procter & Gamble. Sentant l’odeur du sang, les uns et les autres tentent de trouver la bonne cible, avant que Kraft Heinz ne se jette sur sa proie. A défaut, ils jugent ces géants de l’agroalimentaire suffisamment « gras » pour générer beaucoup plus de profits qu’ils ne le font actuellement.
Source : La double menace qui pèse sur les géants de l’agroalimentaire