En pleine ascension, le vin bio doit encore gagner en notoriété
Les ventes de vin bio ont augmenté de 6 % en volume en 2023. Une bouteille sur dix vendues en France est bio. Mais pour absorber la hausse des surfaces cultivées, la filière doit s’imposer là où les Français achètent le plus leur vin.
Des volumes en hausse, comme le chiffre d’affaires. Alors que la consommation de vin en France ne cesse de reculer, les producteurs de vin bio tirent leur épingle du jeu. Dans un contexte de crise viticole, les ventes de la filière bio ont, elles, progressé de 7 %, à 1,56 milliard d’euros, en 2023. Une multiplication par trois en dix ans. En volume, la hausse s’établit à 6 %, pour atteindre 2,67 millions d’hectolitres.
Un signal positif pour les professionnels, avant le grand Salon Millésime Bio à Montpellier du 27 au 29 janvier. Aujourd’hui, une bouteille de vin sur dix vendues en France est bio. « Le vin va mal, le vin bio, lui, se porte bien. Il y a toutefois un décalage entre la production et sa commercialisation, du fait de la progression des quantités, prévient Nicolas Richarme, le président de Sudvinbio, l’association interprofessionnelle des vins biologiques du Languedoc-Roussillon. Il faut un temps d’adaptation. »
59.000 hectares bio de plus en cinq ans
En clair, le marché met du temps à absorber les volumes supplémentaires de vin produits. En effet, si dans le Bordelais, des vignerons sont contraints d’arracher leurs vignes, dans le bio au contraire, on plante. En 2023, les surfaces ont encore progressé de 1,6 %, à 171.265 hectares. C’est 59.000 hectares de plus en cinq ans. Mais le rythme est moins rapide qu’en 2022 (+5 %). La France conserve son rang de premier vignoble bio mondial (21 % de la surface viticole), devant l’Espagne et l’Italie. L’Occitanie étant la première région productrice.
Aujourd’hui, plus de 12.000 producteurs travaillent dans la filière. Ils étaient 5.000 en 2015. « Il y a un ralentissement, car tous les vignerons n’ont pas les compétences techniques pour se lancer, ou la trésorerie pour se convertir. On arrive sur un palier », tempère de nouveau Nicolas Richarme. Les aléas climatiques, et la lutte contre le mildiou, compliquent la tâche. Parmi les 298 nouveaux venus l’an dernier, la moitié était déjà viticulteurs, les autres sont de nouveaux installés.
Le déséquilibre entre offre et demande a aussi découragé les vocations. Dans les coopératives qui vendent en vrac, les stocks s’accumulent. Pour la filière, tout l’enjeu est d’arriver à trouver sa place dans la grande distribution. Aujourd’hui, en volume, c’est une spécificité du secteur, la vente directe et les cavistes pèsent près de la moitié de l’activité, devant les enseignes (23 %). En valeur, le poids de la grande distribution dépasse à peine 8 %. Or c’est dans les supers et les hypermarchés que les Français achètent leurs vins.
Conquérir la grande distribution
« L’an dernier, les ventes de vin bio en GMS ont reculé de 4,6 %, alors qu’elles sont en croissance dans tous les autres circuits, constate Jeanne Fabre, présidente de Millésime Bio. Les prix, jugés trop chers, sont un frein. Il y a eu aussi des déréférencements dans certaines enseignes, et donc moins de visibilité pour nos produits. »
La grande distribution étant seule capable d’écouler d’importants lots de bouteilles bio, la filière travaille par conséquent avec les enseignes pour faire connaître son offre.
Autre débouché en vue, l’export, qui représente 38 % des ventes (+5 % en 2023). Leur cible : les pays où le marché de l’alcool est contrôlé par le gouvernement, comme l’Europe du Nord. « Il y a beaucoup de perspectives dans ces systèmes sous monopole, car les appels d’offres imposent de plus en plus de recommandations ou d’obligation d’acheter des vins bio ou labellisés », poursuit Jeanne Fabre, seizième génération familiale à la tête d’un domaine en bio dans le Médoc.
Malgré les difficultés liées au surplus d’offre, les viticulteurs bio se disent dans ce contexte optimistes pour l’avenir. « 40 % d’entre eux estiment que la consommation de vin bio va augmenter dans le monde d’ici à quinze ans, et 15,5 % qu’elle va baisser », souligne une étude réalisée par le Salon. Dans le trio de tête des ventes, ils misent sur les blancs, les effervescents et les rosés.
Par Dominique Chapuis – A retrouver en cliquant sur Source
Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/en-pleine-ascension-le-vin-bio-doit-encore-gagner-en-notoriete-2136424