Elior confirme son retour en forme mais s’effondre en Bourse
En dépit de résultats annuels en nette amélioration, le groupe de restauration collective et de services aux entreprises chute en début de séance à Paris avec un cours en recul de plus de 20 % en milieu de journée.
Elior confirme son retour en forme, un peu moins de deux ans après l’annonce de sa prise de contrôle par la société de services à l’environnement Derichebourg (48,2 % du capital). Reste à convaincre les investisseurs et la communauté financière. Le titre du groupe de restauration collective et de services aux entreprises s’effondre en effet ce mercredi sur le marché d’actions Euronext Paris alors même que l’entreprise publie des comptes à nouveau en nette amélioration au terme de son exercice 2023-2024, clos au 30 septembre.
Aux alentours de midi, le cours d’Elior s’établissait ainsi à 3,20 euros, en recul de plus de 20 %. Le marché faisait fi d’emblée des résultats du groupe, ses résultats dépassant pourtant ses prévisions et les attentes des analystes. Interrogé par « Les Echos », un analyste expliquait cette chute boursière par « des prises de bénéfices » et des prévisions pour 2024-2025 « un peu conservatrices ». Par ailleurs, la faible valeur de l’action pouvait expliquer une telle évolution. A la mi-mai, le titre Elior avait d’ailleurs gagné 25 % avec pour toile de fond des résultats semestriels très encourageants. De fait, l’amélioration s’est depuis prolongée.
Perte réduite de 56 %
Au terme de son exercice 2023-2024, Elior voit ainsi sa perte nette part du groupe réduite de 56 %, à -41 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires en augmentation de quasiment 16 %, à 6,05 milliards. Avec un taux de 5,1 %, la croissance organique du groupe est, entre autres, plus forte que prévue.
Par ailleurs, le résultat opérationnel ajusté de l’entreprise, qui témoigne de sa rentabilité intrinsèque, a été multiplié par 3 au terme de son exercice 2023-2024, atteignant 167 millions d’euros. Il en ressort une marge en augmentation de 1,7 point, à 2,8 %, sachant que la direction tablait au moins sur 2,5 %. Autre illustration d’une amélioration qui se poursuit, les flux de trésorerie sont redevenus franchement positifs, avec un solde de + 215 millions à comparer à – 58 millions au 30 septembre 2023.
De fait, Elior tire parti de la combinaison de l’allègement de ses frais de structure, de son dynamisme commercial (avec un gain de parts de marché), d’une gestion rigoureuse de ses contrats, enfin des premières synergies consécutives à l’intégration en son sein de l’ex-branche multiservices de Derichebourg. « On a remis l’église au centre du village », résume le PDG d’Elior, Daniel Derichebourg, dans un entretien accordé aux « Echos ».
Organisation décentralisée
S’agissant de la partie commerciale, ce dernier souligne notamment l’importance de la nouvelle organisation en France où le nouveau management a rendu aux responsables régionaux une capacité à prendre des initiatives. « Il faut être très proches de ses clients. On ne gère pas Marseille depuis le siège parisien », observe le dirigeant, qui constate que cette organisation décentralisée permet notamment au groupe de revenir en force sur le marché des PME.
Pour autant, l’entreprise ne délaisse pas les grands comptes : dans la restauration collective, Elior a ainsi remporté, au cours de la seconde moitié de son exercice 2023-2024, des contrats chez Renault, Carrefour, Nexity ou encore Dassault Aviation. Et non seulement la balance commerciale est globalement positive, avec davantage de contrats gagnés que de contrats perdus, mais les succès ne se font pas au détriment de la rentabilité puisqu’Elior est en mesure de répercuter l’inflation.
Cette réorganisation, qui vise à « remettre le client au coeur de la stratégie », doit être déclinée en Italie, où le groupe, comme en France, arrête les contrats à perte. A contrario, précise l’entreprise, l’Espagne et le Royaume-Uni sont des marchés porteurs dans la restauration collective, laquelle génère l’essentiel des revenus d’Elior (4,4 milliards d’euros, +5,5 % sur un an).
Vaste chantier informatique
La remise d’aplomb du groupe donne lieu également à un vaste chantier informatique, suivi de près par Daniel Derichebourg, l’idée étant d’avoir des systèmes communs autant que faire se peut. Si la convergence informatique est pour le moins ardue pour la paie des salariés, l’ensemble doit en revanche être doté, à partir de début décembre, d’un outil commun pour la relation clients de Microsoft.
De même, Elior aura un seul logiciel de type ERP – pour la gestion des tâches quotidiennes – de SAP à l’horizon 2026-2027. « Pour se développer il faut des fondamentaux solides. Nous allons harmoniser nos outils digitaux et informatiques pour améliorer notre performance », commente Daniel Derichebourg, dévoilant, en filigrane, de nouvelles ambitions.
A ce stade, le PDG d’Elior n’entend pas abattre ses cartes mais assure en effet qu’« il va y avoir de la croissance externe à moyen terme », tout en admettant regarder du côté de l’Asie et des Etats-Unis. Outre-Atlantique, Elior North America a un nouveau patron depuis mai, en la personne de Maximilien Pellegrini, un ex-dirigeant de Suez devenu président exécutif du groupe de services Atalian l’an dernier.
Daniel Derichebourg lorgne aussi la France où le britannique Compass s’est récemment renforcé avec l’acquisition de Dupont Restauration. « Nous sommes à l’écoute d’opportunités sur tous nos marchés », déclare le PDG d’Elior. Récemment, le groupe était candidat à la reprise de Dalloyau, finalement croqué par Potel et Chabot (Accor).
Par Christophe Palierse – A retrouver en cliquant sur Source
Source :