Avec son entrée au capital de Ange, Stéphane Courbit (Lov Group) s’offre une place au paradis du pain
Au paradis du pain, l’heure semble être aux transactions : le réseau de boulangeries Ange va accueillir à son capital, aux côtés de ses trois fondateurs, le magnat des médias Stéphane Courbit. Cette participation à hauteur de 35% des parts, réalisée au travers de FLL (Financière Lov and Lifestyle), est pour l’heure minoritaire… mais pourrait bien croire rapidement. Dans l’univers des réseaux de boulangerie « nouvelle génération », l’information devrait envoyer un signal fort : le phénomène de concentration ne fait que commencer.
En 15 ans, les marques telles que Marie Blachère, Ange, Louise… se sont installées durablement dans le quotidien des Français. Emplacements passants, facilités de parking, promotions permanentes… la recette gagnante mise au point par ces nouveaux entrepreneurs du pain attire les convoitises. Stéphane Courbit avait déjà démontré son appétit pour le secteur de la gastronomie en faisant l’acquisition de marques telles que Château d’Estoublon (huiles d’olives et vins), Pedone (glaces), Maison Fouquet (chocolats et confiseries), Ladurée… ou même Liberté, la marque parisienne de boulangerie bâtie par l’entrepreneur Mickaël Benichou. Aujourd’hui, le propriétaire de Betclic et Banijay voit plus grand en mettant un pied dans une enseigne comptant près de 250 points de vente en France, dont plus de la moitié en franchise, mais également au Canada. Pour gérer cette nouvelle activité, c’est Nawfal Trabelsi, ancien PDG de McDonald’s France, qui sera à la manoeuvre. Un fin connaisseur du marché de la restauration rapide, témoignant de la claire orientation vers cette activité qu’accompagnera la structure Lov & Bread, créée à dessein au cours de l’été.
Le dirigeant de Ange, François Bultel, confiait au journal LSA avoir trouvé en FLL « un partenaire qui va nous aider à grandir tout en restant fidèle à notre ADN« . Ce nouvel arrivant permettra en effet de mener à bien les projets de développement de l’enseigne, tels que la construction de son laboratoire dédié à la fabrication de viennoiseries et de pâtisseries en région nantaise, lequel devrait être opérationnel début 2024. Pour le média en ligne l’Informé, la suite de l’histoire est d’ores et déjà écrite : FLL devrait prendre le contrôle de la structure dans les mois à venir, ce qui serait alors une formidable revanche pour Stéphane Courbit, candidat malheureux à la reprise de Louise, tombée aux mains de l’union de coopératives InVivo.
Peu importe l’évolution de la structure capitalistique de l’entreprise, c’est l’ensemble du marché de la boulangerie française qui se trouvera affecté par l’arrivée massive de ces capitaux. Non seulement elle offre une porte de sortie potentielle à des entrepreneurs ayant bâti de solides structures au sein de la filière, mais elle redoublera le dynamisme porté par des entrepreneurs souhaitant bâtir des marques autour de l’univers de la boulangerie : la seule issue envisagée pour eux sera la revente à des investisseurs… leur imposant de multiplier les ouvertures pour accroître la visibilité, et donc la valeur, de la structure. Autant de mouvements qui interrogent dans un contexte de pénurie de personnel et de fragilité marquée chez les différents acteurs qui constituent la chaine de valeur allant du grain au pain : confrontés à des boulangers féroces, dotés de puissants acheteurs, ils n’auront pas d’autre choix que de jouer le jeu des prix pour préserver leurs volumes. Avec de potentielles conséquences délétères à long terme.
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