Également aidé par la maîtrise de ses coûts, le fabricant du cognac Rémy Martin et de la liqueur Cointreau a dégagé sur l’exercice 2017-2018, clos le 31 mars, des résultats supérieurs aux attentes tout en anticipant une nouvelle croissance pour celui qui vient de commencer.
Malgré ces annonces, le titre Rémy Cointreau est fortement orienté à la baisse dans les premiers échanges à la Bourse de Paris, un analyste se disant déçu par la décision du groupe de ne pas augmenter son dividende, d’autres pointant du doigt le niveau de valorisation très élevé de la société par rapport à ses concurrents. A 10h00, l’action perd 3,61% à 122,9 euros, accusant la deuxième plus forte baisse d’un indice Stoxx 600 en progression de 0,32% alors que l’indice regroupant les valeurs agro-alimentaires européennes n’est guère changé (+0,1%).
Cela n’empêche pas le titre Rémy Cointreau d’afficher encore une progression de 5,8% depuis le début de l’année après avoir déjà bondi de 42,6% en 2017. L’indice sectoriel, qui n’a gagné que 10,4% l’an dernier, est en repli de 5,9% depuis son dernier cours de 2017.
Rémy Cointreau se traite à un ratio représentant 38,6 fois les bénéfices futurs, soit un niveau de valorisation plus proche du secteur du luxe que celui des spiritueux. Le ratio prix/bénéfices (PER) de Pernod est ainsi de 23,4 et celui du britannique Diageo de 21,9. « Je suis un peu surpris que l’action ne réagisse pas positivement au relèvement des prévisions mais cela n’empêche qu’elle est chère », a noté un analyste.
Comme ses concurrents Hennessy, propriété de LVMH, et Martell, détenu par Pernod Ricard, le cognac Rémy Martin profite d’un fort rebond de la demande de produits de luxe en Chine auprès des classes moyennes-supérieures, après des années de vaches maigres liées aux mesures anticorruption de Pékin.
Mais, il y a deux mois, le directeur financier de Rémy Cointreau, Luca Marotta, n’a pas exclu une décélération de la croissance explosive des ventes, une donnée qui conforte le groupe dans sa stratégie centrée sur ce qu’il appelle les « spiritueux d’exception« .
Pernod Ricard, dont le cognac Martell est le numéro un en Chine en volumes, a opté pour une approche différente de Rémy Cointreau en développant également dans le pays des marques moins chères. Pour l’exercice 2017-2018, clos le 31 mars 2018, Rémy Cointreau a dégagé un résultat opérationnel courant de 236,8 millions d’euros, chiffre en hausse organique de 14,1%. Les analystes financiers avaient anticipé en moyenne un bénéfice d’exploitation de 235,5 millions et une croissance organique de ce résultat de 12,9%. Le cognac Rémy Martin, qui représente 86% des profits du groupe, a dégagé une marge de 26,9%, ce qui représente une amélioration organique de 1,3 point de pourcentage.
La marge opérationnelle courante du groupe dans son ensemble, toujours en termes organiques, ressort à 22,0% sur la période, soit une amélioration de 1,3 point par rapport à l’exercice 2016-2017. « Fort d’une évolution significative de sa profitabilité en 2017-2018 (+1,3 point en organique) le groupe relève son objectif de progression de marge opérationnelle courante sur la période des trois ans à fin mars 2020″, déclare Rémy Cointreau dans un communiqué.
Pour les exercices 2017-2018, 2018-2018 et 2019-2020, il anticipe désormais une progression cumulée de 2,4-3,0 points (contre un objectif de +0,8-1,8 point précédemment), à devises et périmètre constants.
Pour le seul exercice 2018-2019, Rémy Cointreau prévoit une « nouvelle année de croissance » de son résultat opérationnel courant, à devises et périmètre constants.
Le groupe, qui propose un titre inchangé de 1,65 euro au titre de l’exercice 2017-2018, a dit avoir fait ramener son endettement à 282,2 millions d’euros, soit une baisse de 107,3 millions, grâce à la « forte progression des flux de trésorerie opérationnels ».