C’est un appel d’offres stratégique que vient de remporter Carrefour aux côtés de Lagardère Travel Retail. Pour l’occasion, Alexandre Bompard, PDG du numéro 2 de la distribution, et Dag Rasmussen, PDG du groupe leader des magasins dit de « flux » (aéroports, gares, hôpitaux…) ont affronté le froid jeudi pour signer en personne le nouveau contrat qui les lie avec SNCF Gares & Connexions, représenté par sa directrice générale Marlène Dolveck.

L’accord prévoit l’exploitation d’une trentaine de magasins par an pendant cinq ans partout en France, dans des gares, petites, moyennes ou grandes. « Il s’agit du premier contrat d’envergure nationale sur une offre alimentaire dans les gares », explique Raphaël Poli, directeur du retail chez SNCF, qui loge 1.200 commerces dans environ 800 gares. Le chiffre d’affaires de ces commerces s’élève à 1,9 milliard d’euros en 2024, soit +6,8 % par rapport à 2023.

Contrat sur 12 ans

Un tiers des 150 magasins signés dans ce contrat sera composé de Carrefour Express (des magasins de 80 à 400 m²), le reste sera largement composé de Click & Collect. Le tout permettant aux voyageurs de se restaurer (snacking), d’effectuer ou de récupérer leurs courses sur leur trajet domicile-travail. L’ambition de la SNCF de simplifier le quotidien des voyageurs et riverains se conjugue avec la volonté de Carrefour de creuser son sillon sur la proximité, l’un des moteurs de croissance pour l’enseigne.

Pour le géant de la distribution, qui n’était présent jusque-là que dans une quinzaine de gares, ce contrat offre l’assurance d’une place réservée pour 12 ans pour chacun des 150 magasins qui ouvriront d’ici à 2030 – le groupe n’exclut pas d’aller au-delà. Sur ce total, une dizaine est directement reprise à ses concurrents (Monoprix, Intermarché, Franprix…) arrivant en fin de contrat. Le reste concerne des nouveaux magasins. Tous seront en franchise, l’exploitant étant Lagardère Travel Retail.

La « proxi », seul format de magasins en croissance

150 magasins, c’est peu rapporté aux 4.700 magasins de proximité du groupe qui a réalisé près de 2 milliards d’excédents brut d’exploitation (Ebitda) au premier semestre 2024. Cependant, ce format qui représente 7,8 % du marché en 2024 est le seul à croître en France, selon Kantar, alors que les supermarchés et, surtout, les hypers sont à la peine.

Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, y voit « le signe de la vitalité de la stratégie d’expansion du groupe sur le réseau de proximité à la suite d’une année record d’ouvertures et d’expansion en France ». L’enseigne a ouvert près de 400 magasins en 2024 en France. Chiffre auquel s’ajoutent, en janvier 2025, les 92 magasins en Occitanie de Puig & Fils (Spar, Casino et Vival).

Les gares, nouveau marché à conquérir

Dans le cadre de cette stratégie, les gares – tout comme les stations d’autoroute – représentent un levier d’autant plus intéressant que ces magasins, où 40 % des produits sont en marques propres, sont particulièrement rentables au mètre carré.

Ces zones de flux offrent aussi des espaces d’expérimentation intéressants. En l’espèce, Carrefour prévoit dans les gares l’ouverture de plusieurs Potager City, son nouveau concept de distribution de fruits et légumes et produits frais (une quinzaine existe déjà en France). De même que des supérettes Api en libre-service (plus de 110 existent déjà en France dans les zones rurales).

Autant de raisons qui motivent la signature de futurs contrats. Le groupe concourt actuellement pour un appel d’offres avec Altarea pour les 45 gares du Grand Paris qui seront construites d’ici à 2030.