Dupont Restauration, numéro cinq de la restauration collective en France avec 310 millions d’euros en 2023, vient renforcer les positions de Compass en France.

« La cantine est morte ? Vive la cantine ! » : Compass réinvente sa vision de la restauration d’entreprise

Dupont Restauration, numéro cinq de la restauration collective en France avec 310 millions d’euros en 2023, vient renforcer les positions de Compass en France. LISA CAPPELLEN

Service à table, room service, brunch, QR Code pour commander… Le numéro trois du secteur en France révolutionne son offre et boucle le rachat de Dupont Restauration. Le tout pour viser une place de leader d’ici 2030.

Velouté de panais en entrée. Poulet croustillant, crème de petits pois, chou-fleur rôti et coleslaw pour continuer. Panna cotta avec son coulis de fruits exotiques pour finir sur une note sucrée. Digne d’une bonne brasserie, ce menu a été concocté par les équipes de Compass France, numéro trois de la restauration collective dans l’Hexagone, Sodexo et Elior. Au prix de 8 euros par personne, il était la semaine dernière à la carte du restaurant d’entreprise d’Altarea, rue de Richelieu à Paris.

Ici, au sein du siège social du leader français de la transformation urbaine, un QR Code permet de passer commande avec son mobile. Mais les convives sont servis directement à table. Un luxe dans le monde de la restauration collective, qui a également plu à BPCE et Sanofi, deux autres clients d’Exalt, la marque « lifestyle » de Compass France. « Les salariés ne veulent plus d’un restaurant d’entreprise où faire la queue avec un plateau-repas, constate Camille Berthaud, PDG de Compass France. Ils veulent retrouver les codes de la restauration commerciale au bureau. C’est ce que nous leur proposons de plus en plus. » En multipliant notamment les styles de restauration. Toujours chez Altarea, il existe ainsi un autre espace de restauration, appelé Le Market, sans service à table celui-ci, mais avec un point chaud en self et un espace bar à salades avec service assisté.

En confinant les salariés chez eux pendant de nombreux mois, le Covid avait laissé craindre que les géants de la restauration collective ne se remettraient jamais d’une telle épreuve. Que leurs restaurants, installés dans les locaux des entreprises, ne seraient plus adaptés à la vie de bureau post-pandémie. Ils ont eu des sueurs froides. Mais, aujourd’hui, ils remontent la pente en révolutionnant les codes du secteur. « La cantine est morte ? Vive la cantine ! lance Camille Berthaud. Le Covid ne l’a pas tuée. Il a accéléré une transformation qui était nécessaire. Nous proposons toujours une restauration sociale, subventionnée par les employeurs. Mais il ne suffit plus de faire à manger. Nous avons un rôle social à jouer. Les entreprises ont besoin de nous pour faire revenir les collaborateurs dans leurs locaux. » Fini le temps où la recherche de petits prix était une priorité absolue des entreprises. Elles l’ont compris, la restauration est devenue un axe de différenciation pour attirer et retenir les meilleurs talents. Un allié pour réduire la dose de télétravail et en finir avec les fins de semaine sans personne au bureau. « Les entreprises nous demandent d’innover le vendredi, car la fréquentation est moitié moindre que les autres jours, reconnaît le PDG de Compass France. Chez un grand acteur du secteur pharmaceutique, par exemple, nous proposons désormais un brunch, qui rencontre un grand succès. »

Créer des lieux de convivialité

Varier l’offre dans l’assiette, utiliser des produits locaux et de qualité sont devenus des prérequis. Repenser les espaces de restauration pour en faire des lieux de convivialité aussi. « La restauration collective n’a jamais eu autant d’opportunités de briller », conclut Camille Berthaud. Les start-up, qui promettaient de révolutionner la restauration collective avec des réfrigérateurs connectés et de la livraison, n’ont pas percé. Un certain nombre a disparu (comme Nestor et Frichti), laissant les poids lourds se partager le marché, monter en gamme et développer des services. Comme chez Altarea, où Compass propose désormais un room service pour agrémenter les réunions.

À la tête de 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2023-2024 (exercice clos à fin septembre), pour moitié réalisé avec des entreprises et des administrations (le solde avec des cliniques, maisons de retraite, écoles, collectivités…), la filiale du géant britannique a dépassé son niveau d’activité de 2019. Mais sa maison mère, leader mondial de la restauration collective, ne veut plus se contenter d’être numéro trois en France, son quatrième marché. « Compass s’est récemment retiré d’Amérique latine, de Chine et de Russie, pour concentrer ses efforts sur un plus petit nombre de pays, explique Camille Berthaud. Le groupe est numéro un sur ses trois principaux marchés (États-Unis, Grande-Bretagne, Canada). Il a vocation à l’être en France. Dans le cadre de notre nouveau plan stratégique, l’objectif est de dépasser Sodexo et Elior d’ici 2030 pour devenir numéro un. » Sa recette ? Gagner des parts de marché, tout en réalisant des acquisitionsSans attendre. Compass France vient ainsi de boucler le rachat de Dupont Restauration, numéro cinq français de la restauration collective. Capable de servir jusqu’à 230 000 repas par jour sur 700 sites (restaurants scolaires, d’entreprise, administratifs, médicaux…), l’entreprise livre aussi des repas préparés dans ses neuf cuisines centrales et propose des services traiteur et événementiels. Elle vient gonfler le chiffre d’affaires de Compass France de 310 millions d’euros.

Source : « La cantine est morte ? Vive la cantine ! » : Compass réinvente sa vision de la restauration d’entreprise