2024 aura été une année très particulière pour Sodexo, que les marchés ont saluée par une hausse de 5,18 % de l’action jeudi en fin de matinée. La multinationale de la restauration collective s’est profondément transformée, se recentrant sur son coeur de métier, après le spin-off en début d’année de sa branche avantages aux salariés, devenue autonome et cotée en Bourse sous le nom de Pluxee. Le groupe a aussi cédé ses activités d’aide à domicile.

Mais l’exercice décalé 2023-2024 a également été une exceptionnelle vitrine pour le groupe du fait des contrats d’hospitalité de deux événements majeurs pour sa branche Sodexo Live !, spécialisée dans le sport et les loisirs : la Coupe du monde de rugby, en 2023 , et surtout les Jeux Olympiques de Paris 2024, qui ont généré 66 millions d’euros de revenus sur cet exercice et 16 millions d’euros sur celui à venir.

« Avec une structure simplifiée, réorganisée par géographie, nous sommes en situation d’améliorer la performance opérationnelle de Sodexo, désormais pure player dans les services de restauration et de ‘facilities management’, et de générer une croissance rentable et durable », estime Sophie Bellon, PDG de Sodexo.

Changement d’échelle

L’entreprise a vu son bénéfice net décoller de 31,8 % sur l’exercice 2023-2024, à 738 millions d’euros. Elle enregistre une croissance interne de 5,1 % de son chiffre d’affaires à 23,80 milliards d’euros, un bénéfice opérationnel de 1,05 milliard d’euros, et sa marge d’exploitation gagne 40 points de base à 4,7 %.

La croissance interne de 7,9 % résulte de la conjugaison de hausses de prix à hauteur de 4 %, de volumes additionnels pour à peu près autant, de gains de productivité, de l’optimisation des approvisionnements et de la maîtrise des coûts. Sans les JO et la Coupe du monde de rugby, cette progression aurait été de 7,5 %.

Sodexo Live ! a contribué à hauteur de 9 % du chiffre d’affaires de Sodexo, ce qui reste limité, mais la marque premium a accéléré l’innovation du groupe à l’occasion des JO. « Cela nous a fait changer d’échelle dans la taille des événements gérés et cela a mobilisé nos forces au-delà de Sodexo Live !, avec 2.000 salariés venus de Sodexo sur les 6.000 mobilisés pour servir 15.000 athlètes, et avec 25 de nos chefs venus de différents pays », insiste Sophie Bellon.

Sodexo Live !, qui a enregistré une belle croissance aux Etats-Unis, a décroché les lounges d’aéroports d’American Airlines, ainsi que le Titans Nashville Stadium de 60.000 places qui ouvrira en 2027. A l’université du Texas, dont Sodexo assure la restauration, sa branche loisirs va opérer celle du stade de plus de 100.000 places.

Expertise culinaire déclinée

Conformément à la stratégie décidée par Sophie Bellon lorsqu’elle a pris les pleins pouvoirs de l’entreprise en février 2022 – « accélérer sur notre métier historique, les services de restauration » – ceux-ci progressent beaucoup plus vite que les prestations de facilities management (+9,3 %, contre +5,5 %), représentant les deux tiers du chiffre d’affaires.

« Nous déployons notre expertise culinaire à travers de nouveaux modèles de production, dans des ateliers centralisés de préparation avant une finalisation chez le client, et de distribution, adoptant les codes de la restauration commerciale, avec un choix plus limité mais plus premium telles nos marques Modern Recipe, Kitchen Works, Footitude » explique la dirigeante. Sodexo développe aussi des micro markets de produits frais, des corners de petits-déjeuners ou de goûters, et « tout cela contribue à faire revenir les salariés », souligne-t-elle.

Pour ce qui est des nouveaux contrats, nous dépassons les 1,9 milliard d’euros, un record.

Sophie Bellon, PDG de Sodexo

Géographiquement, la croissance du premier employeur privé dans le monde, avec 423.000 salariés dans 45 pays, est générale : 8,7 % en Amérique du Nord, 7,2 % en Europe et 7,3 % dans le reste du monde, avec une forte croissance en Inde et en Australie, mais un ralentissement en Chine et au Chili.

Taux de fidélisation client de 94,2 %

« Pour ce qui est des nouveaux contrats, nous dépassons les 1,9 milliard d’euros, un record », pointe Sophie Bellon. Le taux de fidélisation client, de 94,2 %, a néanmoins été légèrement affecté par la perte d’un contrat mondial en facilities management, et de deux autres dans le secteur de l’énergie en Amérique latine, « très concurrencé », précise la dirigeante. Elle mentionne en revanche le renouvellement des engagements auprès de Microsoft ou d’AstraZeneca et le gain des contrats du centre hospitalier de Fontainebleau et d’Airbus en Inde.

Le groupe a aussi investi 600 millions d’euros dans le numérique et l’intelligence artificielle (100 millions de plus qu’il y a deux ans) pour apporter de nouveaux services aux clients (réservation de repas, cashless…), optimiser le travail de ses collaborateurs sur le site de ses clients, décider des achats, etc.

Pour 2025, Sodexo prévoit une croissance interne du chiffre d’affaires entre 5,5 % et 6,5 %, ralentie par le recul de l’inflation et une reprise post-Covid touchant à sa fin. Le groupe table en revanche sur une amélioration de la marge d’exploitation entre 30 et 40 points de base. Sophie Bellon dément par ailleurs toute discussion avec son concurrent américain Aramark.